En juin dernier, la Loi de Programmation Militaire consacrait 413 milliards d’euros sur 7 ans pour moderniser les armées. Pour ce faire, pas d’autre choix que de parier sur la base industrielle et technologique de défense et de sécurité (BITDS). Passage en “économie de guerre”, soutien à l’innovation, renforcement des mécanismes européens… Après des années de sous-investissement, les pouvoirs publics français et européens ont-ils enfin pris la mesure des enjeux ?
Par Diane Cassain et Marie Rollet
Prise de conscience
En juin 2022, Emmanuel Macron clamait que la France était « entrée dans une économie de guerre ».1 En avril 2024, il appelait les industriels de la défense à « gagner en rapidité, en volume et en innovation »2 pour passer en mode « économie de guerre », après avoir posé la première pierre d’une usine d’obus en Dordogne, relocalisant une activité industrielle abandonnée depuis 2007. Opérationnelle en 2025, cette usine a d’ores et déjà son carnet de commande plein jusqu’en 2030. Un signe encourageant pour les industriels français. Mais, sommes-nous en économie de guerre ou en passe de l’être ? Les critères de l’économie de guerre « ne sont vérifiés en Europe que dans le cas de la Fédération de Russie », souligne Faÿçal Hafied, Managing Partner chez Klymb et d’ajouter: « Avant 2022 et la guerre d’Ukraine, la Russie consacrait structurellement entre 14% et 16,5% du budget fédéral à la défense, soit environ 3% à 4% de son PIB. Durant le premier semestre de 2023, ces dépenses ont explosé et représentent désormais 37,3% du budget fédéral, soit 2,5 fois plus qu’avant le déclenchement des opérations. Cette augmentation a principalement été allouée à la fabrication d’armes et de munitions conventionnelles, ainsi qu’à l’achat d’armement étranger ». Même après ces augmentations, le budget militaire français représente aujourd’hui un peu plus de 1,9 % du PIB national. Très loin donc des 37 % de la Russie…
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