top of page

Climat, paix, sécurité : être à la hauteur des enjeux !


Insécurité alimentaire, migrations climatiques, instabilité politique… Le changement climatique frappe de plein fouet des États déjà vulnérables. Il n’est plus possible de « penser les défis de sécurité indépendamment de la crise climatique »¹ déclarait Annalena Baerbock, ministre fédérale allemande des Affaires étrangères lors de la 6e édition de la Climate Security Conference en octobre dernier. Alors que la COP29 s'est terminée il y a quelques jours, l'heure est désormais à l'action. Acteurs publics et privés s'engagent pour la création d'un monde plus durable et, par extension, plus propice à la paix.  


Par Diane Cassain 



Le changement climatique : facteur d’insécurité


« Les ventres vides nourrissent les troubles »² clame Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies. Les conséquences du réchauffement climatique sur la paix et la sécurité internationales ne sont plus à prouver. Une compétition pour des ressources de plus en plus limitées est à l'œuvre avec 174 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë du fait du climat et des conflits. A noter que 70 % des pays les plus vulnérables au changement climatique sont également les plus fragiles économiquement et politiquement.³ Les conséquences ne s’arrêtent pas là. Les déplacements de population créent de plus en plus de migrants climatiques, fragilisant les équilibres d’autres pays, souvent déjà instables. Le Haut Comité aux Réfugiés (HCR) a ainsi identifié 22 États pour lesquels les statistiques démontrent que l'impact de la crise climatique sur les personnes déracinées s'aggravera de manière significative d'ici 2030. Des pays d’ores et déjà fragiles parmi lesquels : l’Éthiopie, l’Équateur, le Kenya, le Pakistan, la Somalie, le Soudan du Sud, ou encore le Yémen. Un continent sera particulièrement affecté : l’Afrique. L’Union africaine, qui mesure la gravité de la situation et les nombreux défis qui attendent la région dans les prochaines années, a publié un rapport qui vise à établir une approche commune de l’évaluation des risques climatiques pour le continent. Une première. L’élaboration d’une position unifiée est toutefois encore en négociation.  


Un cercle vicieux dicté par la géopolitique


S’il apparaît urgent de réagir et de proposer une action unifiée de la gestion des risques et des crises dans le monde, certains font blocage. Sans surprise, en décembre 2021, la Russie avait exercé son droit de veto contre un projet de résolution grâce auquel le Conseil de Sécurité de l’ONU aurait privilégié des « stratégies globales » sur ces questions. Pour Moscou, aucun lien n’est établi entre les défis climatiques et socio-économiques et le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Une position réitérée en 2024 lors d’un débat ministériel. Le représentant chinois quant à lui, plaide pour le renforcement de l’aide humanitaire en demandant aux pays “industrialisés” d'augmenter leur aide alimentaire et financière aux pays en développement… s’en dédouanant par la même occasion, la Chine se considérant elle-même comme un pays en développement. Difficile donc pour l’heure d’avancer concrètement sur le sujet au niveau onusien. 

« Accablés par la crise du coût de la vie et des niveaux d’endettement insoutenables, de nombreux pays en développement ne peuvent tout simplement pas investir dans l’action climatique, des systèmes alimentaires résilients ou d’autres priorités de développement durable » prévient Antonio Guterres. Les besoins financiers d’adaptation au changement climatique sont au moins 10 fois supérieurs aux ressources actuelles. Sujet au cœur de la COP29, ces pays - à l’exception de la Chine - ont besoin de 2,4 mille milliards de dollars par an pour bâtir une économie basée sur des énergies propres et s’adapter au changement climatique. Lors de la grande-messe annuelle sur le climat qui s'est tenu cette année en Azerbaïdjan, les États ont du s’accorder sur un nouvel objectif d’aide financière pour ces pays déjà en difficulté économique et en première ligne des bouleversements climatiques. Là encore, le sujet est éminemment géopolitique : les États-Unis et l’Union européenne considèrent que la Chine et les pays pétroliers du Golfe sont désormais assez développés pour, eux aussi, contribuer à l’enveloppe ensuite redistribuée aux pays les plus fragiles. D’autant qu’ils font partie des plus gros émetteurs. Ces derniers ne sont absolument pas du même avis. Il faudra pour autant parvenir à se mettre d’accord puisqu’un nouveau cadre financier devra remplacer l’actuel - qui prévoit 100 milliards de dollars d’aide chaque année - dès 2025. 


Créer un environnement propice à la paix


Face à ce constat, il est impératif de travailler collectivement à la création d’un monde plus durable et plus sûr en aidant notamment les pays les plus vulnérables. La mise en place de fonds spécifiques comme celui de résilience du HCR permettront de financer l’action climatique directement et bénéficiera spécifiquement aux réfugiés, apatrides et personnes déplacées. Une première. Grâce à ces financements le HCR pourra également investir dans des projets favorisant la résilience et l’atténuation des risques dans les zones particulièrement affectées par les effets du changement climatique. Par ailleurs la création du Climate Conflict Vulnerability Index, un indice de risque climatique qui démontre l'ampleur des différents danger qui pèse sur les États, est un outil essentiel participant à la prise de conscience de l’imbrication et des liens exacts entre conflit, climat, paix et sécurité. Et, même en temps de guerre, il est essentiel de préparer un post-conflit qui intègre ces enjeux. En amont de la COP 29, l’UNICEF et le ministère ukrainien de la Protection de l'environnement et des Ressources naturelles ont conclu un partenariat visant à protéger les droits environnementaux des enfants et assurer un redressement durable du pays après la guerre. Ce qui n’est vraisemblablement pas antinomique. Sans compter le rôle de l’industrie qui, grâce à ses innovations, tente de prévenir et d’anticiper la crise mais aussi d'en réduire les impacts. L’entreprise japonaise Synspective développe ainsi, en partenariat avec une université, un projet permettant d’utiliser les satellites de l’entreprise pour analyser les changements à la surface de la Terre et réduire les risques de catastrophes. En Suisse, l'IA est utilisée pour évaluer les risques d’avalanche. Les drones, tels que celui de STREIT GROUP, jouent un rôle déterminant dans la recherche et le sauvetage aux personnes après une catastrophe climatique. Avec ses 82 000 lumens, il offre un éclairage puissant, particulièrement utile dans les zones sinistrées. Airbus Defence and Space propose également une chaîne médicale complète opérationnelle grâce à un ensemble de solutions de télé-expertise déployée notamment sur les théâtres de guerre et missions humanitaires. « Tout en nous efforçant de minimiser notre impact négatif, nous nous efforçons également d'accroître notre empreinte positive, c'est-à-dire la façon dont nos technologies peuvent avoir un impact positif sur les personnes et l'environnement, et la façon dont elles peuvent contribuer à prévenir, protéger et restaurer en cas de crise aiguë » conclut Johannes Müller, Head of Sustainability and Communications for Airbus Defence and Space.




 
 
Logo de S&D Magazine

S'abonner à S&D Magazine : 

Un abonnement qui vous donne accès à tous les contenus exclusifs hebdomadaires en ligne : des articles, portraits, décryptages, podcasts et 3 magazines édition papier et numérique

© 2025 par S&D Magazine. 

bottom of page