Communications critiques : une dynamique mondiale portée par l’innovation européenne
- camilleleveille8
- 1 oct.
- 4 min de lecture
Leader européen et acteur global, Airbus Public Safety and Security s’affirme aujourd’hui comme un acteur de référence dans le domaine des communications critiques. Présent dans 80 pays, le groupe conçoit des solutions sécurisées au service des forces de sécurité, des services d’urgence et des grandes infrastructures stratégiques.
Dans un entretien exclusif, Olivier Koczan, Head of Airbus Public Safety and Security, détaille les projets majeurs déployés à travers le monde, les évolutions technologiques en cours et les perspectives d’un secteur en pleine transformation. L’Europe y occupe désormais une place centrale.

Un leader européen au rayonnement international
Airbus équipe plus de 350 infrastructures critiques, allant de grands réseaux nationaux - comme l’INPT en France ou Bosnet en Allemagne - à des systèmes locaux pour des aéroports internationaux ou des réseaux de transport urbain.
L’entreprise bénéficie d’une base industrielle solide en France, en Finlande, en Allemagne et en Espagne, complétée par une présence significative au Moyen-Orient (Riyad et Dubaï), en Asie (Chine, Singapour, Indonésie) et au Mexique. « Nos activités sont intrinsèquement internationales. La France représente environ 15 % de notre activité, l’Europe près des deux tiers, et le reste est réparti sur l’ensemble des continents », souligne Olivier Koczan. Une répartition qui illustre à la fois le poids stratégique du marché européen et la vocation mondiale du groupe.
L’Europe reprend le leadership
Après une période de relative stagnation, l’Europe est redevenue un moteur des grands projets de communications critiques. Plusieurs pays – France, Finlande, Suède, Espagne, Belgique, Royaume-Uni – ont lancé des programmes ambitieux de migration vers le broadband, intégrant la donnée et la vidéo en complément de la voix. « Cette évolution était attendue depuis longtemps. Elle est désormais concrète. L’Europe reprend une position de leader dans l’écosystème des communications sécurisées pour les forces de sécurité », souligne Olivier Koczan.
La France illustre cette dynamique avec le programme Réseau Radio du Futur (RRF), mené avec le ministère de l’Intérieur et l’agence des communications mobiles et opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS). « Ce que nous faisons avec RRF est inédit par sa dimension, son ambition et son calendrier. Ce projet est devenu une référence mondiale : de nombreux acteurs interrogent tant l’ACMOSS que nous-mêmes pour comprendre son déroulement ».
D’autres pays s’engagent également : l’Allemagne prépare sa transition, tandis que l’Espagne a choisi une approche progressive avec SIRDEE via plusieurs projets pilotes régionaux, déjà opérationnels à Alicante et Albacete.
La bascule vers le broadband : un tournant structurant
Le passage des technologies narrowband (TETRA, Tetrapol) au broadband (4G/5G) constitue le pivot technologique de la décennie. Il ouvre l’accès à de nouveaux services (vidéo, transmission de données massives, géolocalisation), facilite l’intégration avec les écosystèmes IT, et réduit les coûts du fait d’un recours aux standards 3GPP ainsi qu’à l’écosystème associé. « Du point de vue des utilisateurs, l’intérêt est évident : davantage de services et de fiabilité. Pour les donneurs d’ordre, cela signifie une meilleure concurrence et des coûts optimisés », analyse Olivier Koczan.
Mais cette transition dépasse le seul plan technique. « Passer au broadband, c’est aussi accompagner une transformation digitale des communautés utilisatrices. Cela implique de comprendre leurs métiers, d’intégrer la solution dans leur environnement IT existant et de garantir les exigences de disponibilité propres aux services de sécurité et d’urgence », poursuit-il.
Les récentes catastrophes naturelles mais aussi les grands événements (inondations et compétitions sportives internationales) ont confirmé le rôle essentiel des communications critiques pour garantir coordination et continuité d’action.
Une dynamique mondiale
Au-delà du marché européen, Airbus déploie ses solutions sur plusieurs zones stratégiques, chacune marquée par des dynamiques spécifiques.
Au Moyen-Orient, deuxième base installée après l’Europe, Airbus accompagne la migration vers le broadband en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar et au Koweït. L’entreprise a également signé un partenariat avec l’opérateur télécom Etisalat aux Émirats, dans la lignée de celui conclu avec Vodafone en Europe, afin d’intégrer ses solutions au cœur des offres B2B de la région.
En Asie-Pacifique, Airbus bénéficie d’une présence ancienne, notamment en Chine où plusieurs grands aéroports et réseaux de métro sont équipés par le groupe mais les autorités s’oriente vers des fournisseurs locaux. Face à cette tendance, Airbus renforce ses positions sur d’autres marchés dynamiques comme l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, Taïwan ou la Corée du Sud, où les besoins en infrastructures critiques sont considérables. L’intégration des solutions de communication par satellite du groupe constitue un levier supplémentaire pour répondre à leurs spécificités géographiques. L’Australie représente également un marché en émergence, avec plusieurs projets de sécurité publique en préparation.
En Amérique latine, la présence du groupe (70 collaborateurs) se concentre essentiellement au Mexique, avec un réseau national fédéral et celui de la ville de Mexico. La dynamique d’évolution vers les solutions broadband y est moindre que dans d’autres régions du monde. Néanmoins, un partenariat récemment conclu avec America Móvil manifeste d’un intérêt croissant. La couverture 4G/5G demeure inégale sur le territoire, freinant l’émergence massive de projets de migration vers le broadband.
Perspectives et nouveaux modèles
Le marché des communications critiques connaît une croissance soutenue, portée par la transition vers le broadband et la digitalisation des missions de sécurité publique et industrielles.
Cette dynamique s’accompagne d’une évolution des modèles : d’une approche patrimoniale historique (réseaux dédiés possédés et opérés par l’Etat) vers des approches “as-a-service” s’appuyant sur les réseaux des opérateurs. Une telle évolution ne se fait pas au détriment des obligations de sécurité, de résilience et de performance. Des architectures ad-hoc (par exemple : cœur de réseau exploité par les agences étatiques) sont mises en œuvre.
« Notre rôle est d’accompagner ces transitions, depuis la transformation technologique des réseaux existants jusqu’à la totale prise en main par les utilisateurs », conclut Olivier Koczan.
De Paris à Riyad, de Pékin à Mexico, Airbus se positionne comme catalyseur d’une révolution technologique et opérationnelle. En conjuguant expertise technique, ancrage européen et présence internationale, l’industriel conçoit, déploie et soutient les infrastructures de communication critique qui accompagneront les missions de sécurité publique, de défense et d’industrie de demain.
Airbus sera présent au 131e Congrès national des sapeurs-pompiers au Mans en octobre puis sur Milipol à Paris en novembre.