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RRF : une réussite collective au service de la sécurité nationale

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Depuis le 19 juin 2025, la France est entrée dans une nouvelle ère des communications critiques opérationnelles. Après un peu plus de deux années de conception et de tests, le Réseau Radio du Futur (RRF) est entré en juin 2025 dans une phase de déploiement et d’exploitation. Ce réseau très haut débit, interopérable, résilient, innovant et sécurisé, dédié à l’ensemble des acteurs du continuum de sécurité et de secours, recueille aujourd’hui tous les suffrages et séduit hors de nos frontières. Derrière ce projet d’envergure, un partenariat étroit entre le ministère de l’Intérieur, l’Agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS) et Airbus Public Safety and Security (PSS).

Par HUGO DUPIN


©ACMOSS
©ACMOSS

Du projet au déploiement opérationnel


« Nous sommes sortis de la phase projet », explique le Préfet Guillaume Lambert, directeur général de l’ACMOSS. « Depuis juin, le réseau est en service régulier et compte déjà près de 2 000 abonnés quotidiens. » répartis dans 4 départements. Conçu pour les besoins critiques des forces de sécurité, de secours et de santé, le RRF se distingue aujourd’hui par sa performance et sa fiabilité éprouvées lors de la phase de Vérification du Service Régulier (VSR). Les premiers retours sont positifs. Des services utilisateurs, comme le bataillon des marins-pompiers de Marseille, ainsi que les SDIS des Bouches-du-Rhône et de la Loire, utilisent déjà le réseau au quotidien. « Le système est stable malgré sa complexité  », confirme Éric Davalo, directeur des ventes et des programmes Europe d’Airbus PSS, partenaire industriel du RRF. Même constat du côté du SAMU 42 dont les équipes ont salué la simplicité d’utilisation et la qualité du service. Polices municipales, douaniers, centre opérationnel de zone ou encore préfectures ou mission sentinelle à Paris : les acteurs du continuum de sécurité et de défense s’abonnent progressivement. « L’ensemble des services éligibles devrait être raccordé à horizon 2028 » confirme le Préfet Lambert.


Une révolution interservices


Au-delà de la performance technique, c’est l’approche native interservices qui marque une rupture profonde. Tous les acteurs communiquent désormais via une même plateforme, dans un environnement unifié et sécurisé. « C’est un changement de paradigme majeur », souligne le préfet Lambert et d’ajouter : « Le RRF permet à chaque service de travailler dans sa propre verticale métier, tout en échangeant instantanément avec les autres. Cela permet une coopération fluide, horizontale et verticale, entre le terrain et les centres de commandement. Les décisions sont plus rapides et plus efficaces. » Grâce à ses smartphones et tablettes robustes, le réseau permet d’échanger de la voix, des photos, des vidéos, des fichiers chiffrés de bout en bout mais aussi la géolocalisation des agents et des points d’intérêt sur la cartographie intégrée de l’application de communication critique SYRIUS. Une véritable transformation dans la conduite des opérations, où la “conscience situationnelle” se nourrit d’une information en temps réel, partagée et visualisée. « Cela conduit aujourd’hui à des travaux sur la doctrine d’emploi menés par les directions métiers. » précise le Préfet Lambert.


Une architecture nationale et résiliente


Le RRF n’est pas un réseau isolé : c’est un réseau de réseaux. Son cœur de réseau, opéré par l'ACMOSS, s’appuie sur les antennes 4G et 5G de Bouygues Telecom et d’Orange, également partenaires du RRF, avec des mécanismes de priorité et de qualité de service (QPP). « En cas de saturation du réseau, les abonnés du RRF bénéficient d’un accès priorisé à la couverture réseau 4G/5G pour répondre à leurs missions de protection de la population  » souligne le Préfet. En cas d’indisponibilité de la couverture 4G/5G d’Orange ou de Bouygues Telecom, un abonné au RRF peut aussi accéder en itinérance nationale aux réseaux de SFR et de Free. Ce modèle multi-opérateur, « inédit dans le monde des communications critiques », assure une continuité de service nationale grâce à l’application ATRIA développée par Airbus. En cas de problème sur un réseau, les communications basculent automatiquement vers un autre. « Ce modèle suscite beaucoup d’intérêt en Europe et à l’International », confie Éric Davalo. Là où certains pays européens misent sur un seul opérateur, la France a fait le choix du multi-opérateurs. Résultat : une couverture de 98 % du territoire en deux ans. La résilience du système est également renforcée par des dispositifs mobiles de couverture qui sont en cours de déploiement : les stations de base déployables capables de rétablir une couverture 4G sur une large zone en 72 heures, les solutions de réponse rapide, plus légères et opérationnelles en moins de six heures, ainsi que les relais véhiculaires, installés de façon permanente dans les véhicules ou transportables, qui fournissent une couverture radio locale et une connexion terrestre ou satellitaire avec le cœur du RRF. un écosystème de partenaires en expansion De nombreux industriels français accompagnent l’ACMOSS dans la conception, le déploiement et la maintenance du RRF : Airbus et Capgemini, Bouygues Telecom et Orange ainsi qu’Eviden. L’agence travaille aussi avec un réseau de PME et de partenaires : fabricants d’accessoires, éditeurs d’applications métiers, fournisseurs textiles ou d’équipements de sécurité. De nombreux équipements sont disponibles : le smartphone et la tablette mais aussi ceux adaptés spécifiquement aux besoins opérationnels des agents. Des applications mobiles qualifiées viennent s’y ajouter et faire du smartphone RRF un véritable bureau numérique mobile. Des applications métiers et des outils à vocation opérationnelle « orientés vers les besoins des utilisateurs. » précise Éric Davalo. De la veste de feu géolocalisée du sapeur-pompier au casque connecté des motards de la gendarmerie, l’innovation se déploie sur le terrain.


Cybersécurité : une architecture de confiance


Dans un monde numérique sous tension, la sécurité des communications critiques est un impératif absolu. Le RRF a été conçu avec une architecture native de cybersécurité, intégrant dès l’origine le centre de sécurité des opérations (SOC) et un chiffrement de bout en bout de toutes les communications échangées. Les équipements utilisent des pare-feux Stormshield développés par Airbus, déjà en service dans le secteur de la défense. « La sécurité a été pensée dès le premier jour de conception du réseau », rappelle Éric Davalo. Chaque application tierce hébergée dans le store privé du RRF est soumise à des tests SSI et à des audits de conformité. La supply chain numérique elle-même est surveillée, afin de prévenir toute intrusion logicielle. « C’est une vigilance de tous les instants », résument les deux acteurs et d’ajouter : « Le niveau de menace cyber évolue sans cesse. Nous devons être capables d’adapter nos défenses en temps réel. » un essor européen et international La France est aujourd’hui pionnière. « Nous recevons de nombreuses délégations  venues des quatre coins du monde. » souligne le Préfet. Certains pays ont d’ores et déjà engagé des démarches similaires : l’Espagne qui a choisi une approche progressive avec SIRDEE via plusieurs déploiements régionaux, la Finlande et la Suède, qui font confiance à Airbus pour accompagner leur transformation. D’autres pays sont en phase de préparation ou exploratoire comme la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas. « L’interopérabilité est une exigence majeure. Elle est déjà techniquement possible entre l’Espagne et le RRF français. » souligne Éric Davalo. La Commission européenne a quant à elle lancé le programme EUCCS (European Union Critical Communication System), visant à créer un réseau paneuropéen qui interconnecte les systèmes nationaux dédiés aux communications opérationnelles de sécurité et de secours. La France y joue de fait un rôle moteur. Au-delà de la prouesse technologique, le RRF symbolise une réussite collective : celle d’une « équipe France », réunissant État, industriels et utilisateurs. « Ce que nous avons construit, c’est plus qu’un réseau », résume le Préfet Lambert et d’ajouter : « C’est un modèle de souveraineté numérique et de coopération interservices au service de la sécurité nationale. » Un modèle robuste, fiable et très complexe « que nous avons mené à bien pour porter une vision européenne de la sécurité fondée sur la résilience, la confiance, le partage et l’innovation. » complète Éric Davalo. « C’est une prouesse collective dont nous pouvons être fiers. » concluent les deux partenaires.

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