Drones, IA, quantique, IoT : l’innovation technologique au service des forces de l’ordre
- camilleleveille8
- 16 juil.
- 5 min de lecture
Drones autonomes, intelligence artificielle, équipements connectés, quantique… Partout dans le monde, les forces de sécurité modernisent leurs outils pour faire face à des menaces toujours plus complexes. Des Émirats arabes unis au Canada, en passant par la France, tour d’horizon des innovations technologiques qui redéfinissent le quotidien des forces de l’ordre.

EAU : l’IA et les drones au coeur de la sécurité publique
Octobre 2024 : la police de Dubaï annonce la création du « Conseil de la transformation numérique et de l’intelligence artificielle » ayant pour mission de renforcer les efforts de transformation numérique en adoptant les technologies les plus récentes au service des forces et en intégrant davantage l’intelligence artificielle dans ces opérations. Et pour cause, L’IA bouleverse déjà les pratiques policières aux Émirats. A Sharjah, l’IA est déployée pour plusieurs usages. Des systèmes de surveillance sont alimentés par l'intelligence artificielle permettant de détecter précocement les menaces et d’alerter immédiatement les autorités. Elle sert également à gérer la circulation, réduire les incidents et fluidifier le trafic pour une meilleure sécurité routière. A Dubaï, l’IA est notamment utilisée pour analyser de vastes volumes de données, d’identifier les tendances criminelles et de prévoir les incidents, optimisant ainsi la répartition des ressources policières. Autre technologie de pointe utilisée par les forces de sécurité émiratie : les drones. Permettant de surveiller de vastes zones urbaines, notamment difficiles d’accès, ils offrent une vue d’ensemble de la ville. Équipés de caméras de haute résolution et de capteurs, ils peuvent servir à suivre les criminels ou localiser des personnes disparues. La police de Dubaï a d'ailleurs annoncé une collaboration avec AirHub, un fournisseur mondial de logiciels de gestion de flotte et d’opération de drone. Ainsi, Dubaï se dote d’un Drone Operations Center pour coordonner les essaims de drones, actuellement en cours de développement. Cette mise en œuvre soutient un programme de Drone as a first Responder destiné à appuyer les activités policières du quotidien.
Canada : une Gendarmerie royale connectée
Au Canada, les drones s’intègrent pleinement dans les missions de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). « Les drones se généralisent au sein de la GRC et dans les services de police en général », déclare Paul Bruce, gestionnaire du programme de drones à la Direction des services aériens de la GRC. « Partout dans le monde, les forces de l’ordre utilisent des drones pour répondre à des appels, recueillir des preuves, rechercher des personnes disparues, intervenir en cas d’urgence et même dans le cadre de la police de proximité. »¹ Là encore, un programme de Drone as a First Responder est en développement en Alberta. Positionnés sur des toits à l’intérieur des zones de patrouilles, les drones sont prêts à partir à tout moment si les conditions météorologiques le permettent. Le pilote du drone peut recueillir en direct les informations transmises par vidéo par le drone et les transmettre aux patrouilles au sol. « Cela nous a permis d’améliorer l’évaluation des risques pour les policiers avant leur arrivée. Normalement, ces mises à jour nous viennent par les opérateurs radio, avec un léger délai. Le retour d’information en direct était donc un véritable atout. » explique Anthony Setlack, chef de pilotes de plusieurs sites pendant les tests.² L’IA est également au cœur des nouvelles technologies que les forces sont amenées à intégrer à leurs enquêtes. Elle est utilisée notamment pour accélérer les enquêtes avec soupçon d’exploitation sexuelle de mineurs. Elle sert aussi pour lire automatiquement les plaques d’immatriculation ou encore à du filtrage et de l’extraction de données.
France : les technologies en plein essor
En France aussi l’utilisation des drones par les forces de sécurité est en pleine croissance. Ainsi les besoins en gestion de flottes lors d’opérations complexes se multiplient : surveillance d’infrastructures, missions de sécurité civile ou de défense, détection d’incendies, aide à la surveillance frontalière… Pour répondre à ces enjeux, GeoFencing développe une plateforme de gestion d’essaims de drones, pensée pour les exploitants opérant dix appareils ou plus. Supervisée depuis un centre de contrôle, la solution permet de piloter des missions autonomes ou coordonnées en essaim. Un système embarqué, co-développé avec le CNRS et le Centre Italien de Recherche Aérospatiale, assure une communication à très haut débit et la transmission de flux vidéo en haute définition. « Les algorithmes d’IA de pilotage tournent au sol, ce qui est beaucoup plus efficace », souligne Samuel Brau, président de GeoFencing.³ Une station-sol permet également de suivre les vols en temps réel, de reprendre la main sur un drone autonome ou de le piloter à distance. L’entreprise collabore notamment avec la sécurité civile sur un système de prévention des feux de forêt : des caméras fixées sur un château d’eau détectent les fumées sur un rayon de 350 km², géolocalisent l’anomalie, et déclenchent l’envoi d’un drone pour vérification, voire de plusieurs pour intervenir. GeoFencing propose en parallèle une plateforme de gestion opérationnelle des missions : préparation, documentation réglementaire, suivi des télépilotes, maintenance, réservation de ressources et obtention des autorisations de vol. L’IA fait peu à peu son apparition à la Gendarmerie nationale pour assister les forces dans leurs missions. « L’IA constitue une formidable opportunité pour les forces de sécurité intérieure, dans la mesure où elle embrasse tous les domaines, que ce soit au niveau stratégique, tactique ou opérationnel. Elle représente d’abord, pour le gendarme, un appui majeur dans l’exécution de ses missions opérationnelles. Citons par exemple l’application de retranscription automatique de la parole, destinée à faciliter le traitement des écoutes téléphoniques menées dans le cadre d’enquêtes criminelles. Également utilisée afin d’analyser des vidéos de masse, l’IA permet de conduire des recherches bien plus rapidement que l’humain, en particulier en matière de détection d’images pédopornographiques. Sur le plan tactique, l’intelligence artificielle constitue un outil fondamental d’aide à la conception de manœuvres, au service des commandants de compagnie et de groupement, notamment grâce à des méthodes d’analyse prédictive de l’évolution de la délinquance. Au niveau stratégique, enfin, l’IA peut être utilisée afin de mieux analyser et anticiper l’allocation des ressources et des moyens » résume le Général Patrick Perrot, coordonnateur pour l’IA au sein de la Gendarmerie nationale, et conseiller IA auprès du Commandement du ministère de l'Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI).⁴ Et ce n’est pas tout. Récemment les gilets pare-balles connectés ont fait leur apparition à la Gendarmerie. Fruit d’un partenariat entre la Direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN) et Wearin’, une start up suisse, le dispositif peut se déclencher manuellement via un bouton SOS ou automatiquement en cas de situation critique : perte de verticalité de l’agent, perforation du gilet par arme blanche ou impact de balle. Une fois l’alerte émise, la géolocalisation de l’agent est immédiatement transmise. Le kit de connectivité repose sur une batterie centrale offrant jusqu’à huit heures d’autonomie. Elle alimente l’ensemble des équipements électroniques du gendarme et se recharge facilement grâce à un seul câble, que l’agent peut brancher à son véhicule ou en fin de mission. L’ensemble, batterie Wearin’, module intelligent « Wearin’ Brain » et système de libération rapide, s’intègre de manière ergonomique au gilet. Des fibres lumineuses, intégrées à l’avant et à l’arrière, assurent une meilleure visibilité lors des interventions nocturnes. Enfin, la Gendarmerie se prépare à l’arrivée du quantique. Plusieurs enjeux ont été identifiés : calcul quantique pour le cassage demain des chiffrements criminels d’aujourd’hui, passage aux algorithmes de chiffrement post-quantique pour nous protéger des risques, comme le recommande l’ANSSI - Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, capteurs quantiques aux capacités accrues de détection notamment pour la lutte contre les stupéfiants ou les explosifs. Par ailleurs, la Gendarmerie applique le Harvest Now, Decrypt Later : « On recueille des données aujourd’hui pour les déchiffrer demain » révèle le Colonel Nicolas Duvinage et d’ajouter : « Certaines enquêtes, sont résolues très vite et les données n’ont pas une durée de vie très longue. Mais d’autres connaissent un temps judiciaire très long. »⁵ Pour continuer à innover et rester à la pointe de l’innovation, la Gendarmerie française cherche à recruter dans ces domaines.
²Ibid